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6. Les problèmes environnementaux globaux

Les problèmes environnementaux globaux sont caractérisés par une dimension mondiale, une incertitude radicale sur leur évolution et conséquences et enfin par l'importance du long terme. Une liste non exhaustive de tels sujets de préoccupation contient entre autres le changement climatique, la destruction de la couche d'ozone, les pluies acides, la diminution de la biodiversité, le risque nucléaire, la désertification, la diminution des ressources halieuthiques. C'est surtout le changement climatique qui sera utilisé comme exemple.

Les trois aspects incertitude, globalité et long terme ne sont pas indépendants et interragissent constamment, par exemple l'incertitude provient pour partie du long terme.


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6.1 Coordination internationale

Dans le cas des problèmes globaux il n'existe pas d'autorité comparable à l'État à même de pouvoir imposer une forme d'intérêt général. Les différents pays ont en général des intérêts divergents, évoluant dans le temps. Dans ce cadre l'hétérogénéité des pays peut être un facteur d'entente ou au contraire de tension, en fonction des modalités de négociation et de la nature de l'incertitude. Par exemple il peut être plus facile de négocier des réduction d'émissions de gaz à effet de serre si on ne sait pas qui sera victime du changement climatique.


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6.1.1 Les négociations sur le changement climatique

L'historique des négociations autour du changement climatique permet d'éclairer ces difficultées. Les négociations internationales ont vraiment commencé un peu avant 1990, entre autres sous l'impulsion des États-Unis, peut-être pour avoir une raison d'inciter les américains à une utilisation plus efficace de l'énergie, le maintien de l'approvisionnement en pétrole à bas prix étant soumis aux aléas des conflits géopolitiques. La convention de Rio qui acte la nécessité d'une action internationale, mais en des termes assez vagues, est signée par de nombreux pays en 1992. Le protocole de Kyoto qui prévoit des limitations d'émissions, mais uniquement pour les pays développés est négocié en 1997, sur des bases strictement politiques. Il est prévu d'adjoindre un marché de permis d'émission de CO2 pour atteindre l'efficacité économique, et il est également considéré que ce n'est qu'un premier pas.

Il ne sera cependant jamais ratifié par les États-Unis qui sont pourtant les premiers émetteurs de CO2 par tête. En particulier parce qu'après la première guerre du Golfe les États-Unis ont un meilleur contrôle de la situation au Proche-Orient et la motivation géopolitique a totalement disparue. Également parce que les États-Unis ont un quota d'émission assez élevé si on prend en compte l'augmentation de leur population. Ensuite parce que les européens ont affiché un volontarisme environnemental et n'ont pas voulu faire de concession à La Haye. Enfin parce que G. Bush a été élu et de toute façon il aurait certainement dénoncé le traité.

Après cet épisode un accord a été obtenu, à Marrakech entre les autres pays développés, mais avec des concessions plus importantes que ce que les États-Unis étaient prêts à accepter à La Haye. Et enfin la Russie, qui est très favorisée par cet accord, ses émissions de référence étant très surévaluées en raison de la crise économique qui l'a frappée au cours de sa transition vers une économie de marché a signé le protocole très récemment, il vient d'entrer en vigueur cette semaine. Le volontarisme des pays européens, s'il est prometteur ne doit pas cacher la réalité des décisions qui ne sont pas toujours en accord avec les objectifs affichés. Par exemple, l'Allemagne, qui apparaît très impliquée dans la lutte contre l'effet de serre avec des objectifs ambitieux qu'elle s'est fixée a néanmoins reconduit les subventions aux industries charbonnières, pourtant très émettrices et inefficaces économiquement.


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6.1.2 Compétitivité et environnement

Un autre argument avancé par les États-Unis est qu'il faut également que les pays en voie de développement aient des restrictions sur leur émissions, d'une part parce qu'il allaient être d'importants émetteurs, et d'autre part parce qu'il y avait des risque de délocalisation des entreprises émettrices de CO2 à l'étranger, où elles n'auraient pas de contraintes.

Cette situation est théoriquement possible, cependant dans le cas du CO2 les émissions sont surtout produites par des activitées qui ne peuvent être délocalisées (production d'électricité, transport, chauffage, production de ciment) et pour les autres industries les choix de délocalisation sont beaucoup plus liés au coût et à la qualification du travail et aux incitations fiscales.

Par contre l'augmentation du prix de l'énergie consécutive à des efforts de réduction des émissions peut tout à fait réduire les marges des entreprises domestiques, et bien que cela ne risque pas de les pousser à délocaliser peut éventuellement réduire leur activité. Ce type de surcoût est cependant tout à fait minime par rapport aux variations des changes, par exemple en 2 ans le prix relatif des marchandises en dollar vis-à-vis de celles en euro a varié de 30% environ.


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6.2 Long terme et développement durable


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6.2.1 Définition du développement durable

Le développement durable est "un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs". Cette définition de 1987 est assez floue et de fait il y en avait déjà plus de 60 définitions dès 1989. Ainsi pour certains il s'agit de s'assurer d'une croissance économique soutenue. Pour d'autre il s'agit de garantir la préservation des actifs naturels en effectuant une décroissance économique.

Il se dégage cependant un certain nombre de points communs qui n'aident pas spécialement à donner un contenu opérationnel au concept mais en précisent le champ d'action. Le développement durable est ainsi associé :

Tous ces points sont en effet des objectifs pertinents pour toute régulation, et sont communes à toutes les interprétations du développement durables. L'importance des différents objectifs les uns par rapport aux autres, ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre sont en revanche extrêmement divers.


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6.2.2 Actualisation et équité intergénérationnelle

Un aspect peut être éclairé par l'utilisation de concepts économiques, il s'agit de la prise en compte du futur. La modélisation d'un objectif intertemporel peut se faire en utilisant une maximisation de la somme de l'utilité par tête des agents présents et futurs. Dans ce cas chaque date peut être pondérée en utilisant un taux d'actualisation. Si il est fixe, alors les décisions seront cohérentes temporellement, c'est à dire que le passage du temps ne les modifiera. Ceci correspond à une décroissance exponentielle des poids avec le temps.

Si on se base sur les taux d'épargne actuels pour jauger de la valeur de ce taux d'actualisation on obtient des valeurs entre 2% et 6%, ce qui donne peu d'importance à ce qui se passe dans 100 ans. Pour certains auteurs il faudrait utiliser un taux nul, autrement dit une simple somme, pour des raisons essentiellement éthiques. Ce taux d'actualisation peut être important pour certaines décisions, et dans ce cas il permet de synthétiser et de révéler les positions éthiques des différents acteurs de la décision.

Mettre un taux d'actualisation très bas implique d'aller plus loin dans la préservation des ressources naturelles qu'une utilisation rationnelle, cohérente avec les taux de rentabilité observés. On a vu que l'utilisation rationnelle n'était pas acquise au début de ce cours, mais ici il s'agirait d'aller au-delà et de contraindre les agents à une moindre utilisation.

Dans le cas du changement climatique, étant donné les inerties naturelles du cycle du carbone, du système climatique, des écosystèmes mais également celles des systèmes énergétiques, les décisions prises aujourd'hui auront des conséquences qui peuvent être très éloigées dans le futur, les positions éthiques sur la solidarité intergénérationnelle peuvent avoir des conséquences importantes.

Cependant, dans certains, cas ce sont des contraintes d'inertie qui sont déterminantes pour la décision. Par exemple, si au-delà d'un certain changement climatique les conséquences deviennent importantes parce que l'on n'a pas le temps de s'adapter, alors le choix sera plus dicté par l'inertie du système que par la maximisation intertemporelle, et le choix du taux d'actualisation sera moins important.


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6.2.3 Substitution du capital naturel et artificiel

La question de la complémentarité ou substituabilité entre capital naturel et artificiel est importante dans le cadre du développement durable, et donne lieu à deux visions, dites de soutenabilité faible et forte. Pour les tenants de la soutenabilité faible tous les types de capitaux sont substituables et tout ce qu'il importe est de conserver un stock global de capital suffisant. Pour les tenants de la soutenabilité forte les capitaux naturels ne peuvent être remplacé ni par du capital productif ni par du capital humain (un niveau d'éducation plus élevé qui induit une productivité du travail plus importante).

Historiquement les positions de type soutenabilité forte ont toujours prédit des futurs assez catastrophiques avec un progrès technique et des substitutions bien moins importantes que ce qui s'est passé réellement. Pour autant il est possible que l'on regrette déjà la disparition totale de nature primaire en Europe.


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6.2.4 Évolution des modes de production et de consommation

Les projections de population sont forcément incertaines, mais il est très probable que la population atteigne plus de 10 milliards d'habitants au cours du XXIème sciècle. Or, aujourd'hui 80% de la production est utilisée par 20% de la population. Si tous les humains doivent avoir le même niveau de vie, il risque d'y avoir des difficultés au niveau de l'épuisement des ressources naturelles, ainsi qu'au niveau du rejet de déchets. En particulier les questions de la disponibilité de l'énergie, de l'eau et de la terre vont se poser avec de plus en plus d'acuité.

Il s'agit donc de penser le développement futur des pays encore en voie de développement en lien avec l'environnement. Deux courants s'opposent dans ce cadre. D'un côté on trouve ceux qui considèrent qu'avec l'augmentation de la production, des techniques plus efficaces vont être utilisées, les individus vont se soucier d'environnement et qu'il faut avant tout se développer pour que la phase d'inefficacité dans l'utilisation des ressources soit la plus courte possible. Ce point de vue est largement partagé par les dirigeants des pays en voie de développement. De l'autre côté se trouvent ceux qui considèrent qu'il y a en une fenêtre d'opportunité pour un développement différent de celui des pays déjà développés étant donné que la plupart des infrastructures et institutions ne sont pas encore en place. Ceci pourra éviter des sacrifices futurs, sacrifices que devraient faire les pays actuellement développés pour une moindre utilisation des ressources naturelles.

Aucun de ces deux futurs n'est à exclure. En prenant l'exemple de l'énergie, il faut mettre au crédit des développementalistes l'augmentation de l'efficacité énergétique, qui ne serait possible que lorsque l'on a un certain niveau technique, qui a eu lieu après le premier choc pétrolier, la baisse des émissions de soufre, ou encore la surproduction agricole mondiale. En revanche l'exemple des États-Unis qui montre un niveau de vie très important mais également une efficacité dans l'utilisation de l'énergie assez faible, ou encore l'importance du pétrole ou du gaz pour les sources mobiles dénergie et les tensions qui sont déjà présentes autour du pétrole et de l'utilisation des ressources des pays en voie de développement par les pays développés, et enfin la question du changement climatique vont dans l'autre sens.


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6.2.5 Inertie et lock-in du changement technique

Le changement technique est important dans le cadre du développement durable. En effet si il est suffisament important et rapide les contraintes environnementales seront moins problématiques. La question de l'énergie, est un bon exemple, en effet si une source d'énergie bon marché et peu polluante existait, de nombreux problèmes environnementaux seraient résolus. Dans le cas contraire la rareté des combustibles fossiles aisément utilisables, les risques climatiques et nucléaires vont être des sujets préoccupants.

Pour certains auteurs le progrès technique a peu besoin d'être orienté, les agents vont profiter des avances techniques pour augmenter leur rentabilité, les techniques utilisées seront donc forcément plus économes en énergie, et ce d'autant plus que l'énergie devient chère. Cette vision du monde est contredite en partie par l'observation d'inefficacités technologiques persistantes. Cependant d'autres difficultés se superposent, d'une part l'inertie des systèmes techniques et des modes de vie qui imposent de voir à long terme et les possibilité de verrouillage dans une certaine technologie.


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6.2.5.1 Inertie des technologies et des modes de vie

Des solutions techniques peuvent exister, comme la biomasse ou l'hydrogène, l'utilisation plus rationnelle des transports, les pompes à chaleur, mais elles impliquent des changements de comportement et des bouleversements des sytèmes énergétiques. Par exemple l'utilisation de la biomasse pour se substituer au pétrole ne peut pas se faire dans le cadre de l'agriculture intensive qui est beaucoup trop basée sur le pétrole. D'autre part les terres ne seraient disponibles qu'en cas de changement des habitudes alimentaires avec une consomation plus importante de céréales au détriment de la viande et de certains légumes. D'autres opportunités et difficultés se posent pour des futurs alternatifs, que ce soit une prédominance de l'éléctricité nucléaire ou une utilisation prolongée des énergies fossiles.

Pour dépasser ces difficultés au niveau de l'offre il faudrait des avancées techniques importantes peu spontanées, de long teme, qui dépendent plutôt des moyens alloués à la recherche et des incitations des autorités régulatrices, telles l'obligation d'avoir un quota de l'électricité renouvellable. Du côté de la demande il faudrait des évolution des modes de vie qui demande également du temps.


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6.2.5.2 Le verrouillage dans une technologie

Pour plusieurs raisons les choix technologiques faits risquent d'être auto-renforçant, c'est à dire que lorsque l'on est engagé dans une voie elle devient plus facile. Les causes sont multiples et on peut citer les inertie socio-économique, en particulier au niveau des comportements et des systèmes de valeurs, l'existence d'équilibres institutionnels existant autour d'une technologie, comme le nucléaire en France ou le charbon en Allemagne, l'importance des montants à consacrer à la recherche, l'apprentissage par la pratique, la diminution des coûts avec l'augmentation des capacités ou de la taille des infrastructures, l'impossibilité de reconvertir les investissement.

De tels verrouillages technologiques, également appelés lock-ins ont eu lieu par le passé, autour du train et du charbon au XIX siècle, dans les années 60 autour de la voiture, de la route et du pétrole et dans les années 70, autour du nucléaire et de l'électricité en France. Il est donc important de réfléchir effectivement au futur recherché si on veut vraiment l'infléchir, et ce quelque soit la position que l'on a sur l'efficacité du progrès technique.

Dans tous les cas une action volontaire peut avoir de l'influence, à la fois sur les entreprise et les individus, comme le montre l'influence de la publicité ou celle des mesures incitatives. Mais toute action, quelque soit son sens devra également s'opposer aux volontés d'un grand nombre d'agents. Et certains agents sont prêts à trouver certaines causes importantes mais n'acceptent pas d'être incité à être en accord avec leurs déclarations.


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6.3 Incertitude et décision

De nombreuses incertitudes entourent les questions dont il est question ici. Ces incertitudes jouent à plusieurs niveaux et sont de plusieurs types.


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6.3.1 Les différentes incertitudes

De l'incertitude la plus aisée à dépasser à celle qui posera toujours problème, on a :

Dans le cas du changement climatique l'IPCC donne une fourchette de 2 à 6 degrés d'augmentation de la température en 2100 en fonction du modèle utilisé et des projections d'émissions futures. Cette incertitude est de plus bornée par les choix faits par l'IPCC en terme de scénarios socio-économiques, et rien n'assure que les modèles climatiques prennent en compte tous les processus importants ni qu'ils soient encore valides pour des concentrations de CO2 élevées. La mesure des dommages liés au niveau du changement climatique et à sa vitesse est encore plus incertaine, en raison des difficultés de valorisation déjà évoquées, de biais d'agrégation, de l'insuffisance des modèles économiques concernant la modélisation des crises et du changement techniques et des incertitudes qui pèsent sur les capacités d'adaptation des sociétés et des écosystèmes.

De fait de nombreuses questions restent sans réponse formelle et des théories donnant des résultats très différents s'affrontent portées par les différents agents en particulier en fonction de leurs intérêts, toutes étant plausibles ou éthiquement acceptables.


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6.3.2 Décision sous incertitude et principe de précaution

Face à ces incertitudes il est possible d'attendre que la connaissance progresse avant d'agir, ou encore d'essayer de trouver un futur plus probable et d'agir en fonction de ce futur. Ces deux attitudes sont dangereuses, d'autant plus que des possibilités de catastrophes sont possible, mais avec des probabilités faibles, ou que des conséquences irrévesibles ont lieu. Le principe de précaution stipule justement qu'il faut prendre en compte ces incertitudes et les inclure dans la décision :

d'après la loi Barnier de 1995, le principe de précaution est le principe "selon lequel l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnelles visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable".

Il est également admis que l'application du principe de précaution ne doit pas non plus fermer le futur et que les solutions choisies doivent permettre de changer d'avis lorsque l'incertitude diminue.

Le principe de précaution correspond à ce que l'on appelle la décision sous incertitude en économie. Prendre en compte l'incertitude et son évolution au fur et à mesure que l'on apprend peut sembler assez naturel, et pourtant pendant de nombreuses années il fallait une certitude pour que soit prise une décision en terme de nocivité d'un produit.


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6.3.3 La décision sous incertitude en économie


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6.3.3.1 Les critères de décision dans l'incertain

Il s'agit de trouver une façon de prendre en compte dans la décision les éventualités moins probables. Une première solution serait d'éssayer d'éviter a tout prix une conséquence défavorable dès qu'elle est possible, même si elle est peu probable. Par exemple certaines personnes considèrent que toute modification du climat est trop dangereuse et qu'il faut arrêter immédiatement les émissions de CO2. D'autres pensent, à l'inverse, que toute interférence avec le développement est risquée en raison de l'importance de la pauvreté.

Le problème de ce type de critère c'est que l'on donne une grande importance à une borne qui peut être arbitraire. On peut en effet souvent repousser le risque nul en prenant des probabilités plus faibles. Si les probabilités correspondent à des avis de différents agents, cela revient à considérer uniquement à ceux qui trouvent la pire des situations.

Un autre critère fréquement utilisé est celui de l'espérance d'utilité. Dance ce cas on cherche à maximiser la somme pondérée par les probabilités des différents résultats possibles en prenant leur utilité. Cette utilité représente les préfr'ences des agents vis-à-vis du risque si elles obéissent à certains axiomes.

Lorsqu'il n'est pas possible d'assigner des probabilités objectives, c'est à dire des probabilités issues de réalisations aléatoires répétées, il est toujours possible d'utiliser l'espérance d'utilité, mais les poids ne sont plus vraiment des probabilitées, ils correspondent aux préférences ou aux croyances des agents. Par exemple dans le cas du changement climatique on donne parfois des probabilités pour des paramètres inconnus alors qu'ils ne résultent pas de réalisations aléatoires.


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6.3.3.2 Apprentissage et valeur d'option

Dans le cas des problèmes environnementaux globaux il faut prendre en compte le fait que la connaissance va progresser lorsque l'on choisit. Il faut prendre des décisions qui permettront d'utiliser cette information future. Par exemple si un barrage détruit de façon irréversible une forêt il faut prendre en compte le fait qu'on pourra découvrir dans le futur des usages pour cette forêt, mais qu'alors cette information ne servira plus à rien si on fait un barrage. C'est la base de la théorie de la valeur d'option.

Dans le cadre du changement climatique l'effet de l'apprentissage n'est pas évident, en effet si on apprend que le changement climatique et les dommages sont importants, si on a trop émis on peut moins profiter de cette information. A l'inverse si on apprend que l'on arrive à s'adapter sans problème on ne pourra pas émettre plus si on a beaucoup réduit les émissions et que l'on ne dispose plus de capital pour augmenter la production et les émissions.


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6.3.4 Modélisation et aide à la décision

Au final on est en présence de problèmes complexes, avec de nombreuses incertitudes, en particulier su le long terme et d'inévitables choix éthiques. Dans ce cadre chercher à modéliser parfaitement tous les phénomènes peut être un objectif inatteignable et sa recherche un obstacle à une décision informée. Dans ce cadre, en fonction de la question posée, il peut être intéressant de simplifier le problème, en perdant en précision mais en gagnant en pertinence. Le modèle permet alors de donner des informations pour un argumentaire même si la prédiction n'est plus l'objectif principal. Pour autant il faut toujours essayer de coller à la réalité le plus possible afin que l'argumentaire soit le plus pertinent possible.

La modélisation dans ce cas n'est plus une représentation fideèle de la réalité ni un guide absolu pour la décision mais permet de formaliser l'objet de discussion de mettre en relation principes éthiques, hypothèse, croyances et résultats.


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