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3. La dimension de bien commun de l'environnement

Le cas d'une externalité produite par un agent affectant un autre agent est tout à fait envisageable mais reste relativement rare. En général de nombreux agents sont touchés par l'externalité et de la même façon les pollutions sont fréquement le produit de l'activité de nombreux agents. Symétriquement les services rendus par les ressources naturelles profitent souvent à de nombreux agents tandis que ces ressources naturelles peuvent être menacées par de nombreuses activitées.

Ainsi la pollution engendrée par le transport est une externalité produite par de nombreux agents et également subie par une population importante, qui regroupe d'ailleurs une grande partie de ceux qui la produisent. La biodiversité est une ressource naturelle qui est menacée par de nombreuses causes et peut se révéler importante pour divers agents, en particulier pour des agents qui ne sont pas encore nés, pour les générations futures. Enfin le dioxyde de carbone est produit par la combustion des énergies fossiles ou encore la destruction de biomasse, il est émis au cours de la production ou la consommation de quasiment tous les biens, et son accumulation est certainement responsable d'une modification du climat terrestre qui concerne l'ensemble des êtres vivants.


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3.1 Les biens publics purs

En économie les biens qui possède des caractéristiques particulières qui en font des biens communs sont apellés "biens publics". Cette dénomination provient de l'anglais "public good" et n'est pas spécialement reliée à la notion de service public. Formellement trois caractéristiques font d'un bien un bien public:

Lorsqu'il s'agira d'un bien public ayant un effet positif chez celui qui le consomme ce sera un bien public tout court, lorsqu'il s'agit d'un bien public ayant un impact négatif ce sera un bien public ayant un impact négatif.


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3.2 Les biens publics réels

Les biens publics satisfaisant réellement aux trois critères sont rares, le dioxygène est à peu près le seul exemple. Par contre de nombreux biens ont ces caractéristiques plus ou moins atténués. De véritables biens non rivaux existent, par exemple un paysage, ou l'information. Ensuite de nombreux biens sont soumis à encombrement c'est à dire qu'ils sont non-rivaux tant qu'il n'y a pas trop de consommateurs. Un cas typique est la route qui est non-rivale tant qu'il n'y a pas de bouchons, ou l'éducation tant qu'il n'y a pas de sous-capacité. D'autre part ces biens non rivaux sont souvent locaux, comme un nuage de pollution ou un site intéressant.

Les biens réellement non-excludables sont également peu nombreux car des dispositifs techniques, légaux ou institutionnels peuvent fréquement être mis en place pour exclure les consommateurs, on peut citer le droit du copyright pour l'information ou l'art. Ces dispositifs sont cependant toujours coûteux et peuvent également être interdits, ainsi on peut protéger des procédées par brevet et des phrases avec le copyright, mais de façon générale les idées ne peuvent pas être protégées autrement que par le secret. La plupart des biens sont exclus par la propriété privée.

Enfin pour ce qui concerne l'obligation de consommation elle peut être plus ou moins stricte. Un réglement ou la justice sont de consommation obligatoire mais il est possible de tricher. Une pollution peut être de consommation obligatoire, par contre il est souvent possible de se protéger de ses effets.


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3.3 La tragédie des communs

Une première chose à mentionner, qui n'est pas vraiment capitale mais qui fait le liens avec les externalités c'est que les biens publics sont toujours associés à des externalités, positives pour les biens publics et négatives pour les biens publics ayant des impacts négatifs. En effet un agent qui produit un bien public en fait bénéficier les autres agents, et la consommation ne peut pas passer par un marché étant donné que le bien est non-excludable. Ce n'est pas une externalité banale, elle pose des problèmes de gestion épineux.

En effet chaque agent prit individuellement a intérêt à consommer du bien public, mais il n'a pas intérêt à le financer. On utilise fréquement l'image du passager clandestin pour illustrer ce problème. En effet le passager clandestin profite d'un moyen de locomotion alors qu'il n'a pas payé. Dans le cas d'une pollution globale comme c'est le cas pour les émissions de dioxyde de carbone créant l'effet de serre, chaque pays a intérêt à ce que les autres pays diminuent leurs émissions et à ne rien faire lui-même, et plus les autres pays diminuent leurs émissions, moins les combustibles fossiles sont chers et plus il a intérêt à en consommer.

Dans le cas d'un bien commun qui se régénère lentement le problème de l'épuisement de la ressource se pose avec acuité. C'est ce que l'on appelle la tragédie des communs. Par exemple si l'abattage du bois dans une forêt est en accès libre un agent ne va prendre en compte que le coût de l'abbatage et pas celui de la régénération de la forêt. Ceci va avoir pour conséquence que l'agent va accepter un prix relativement faible pour le bois puisqu'il sous-estime les coûts, que l'offre de bois va être trop importante, baissant encore les prix et que la forêt va être surexploitée, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus productive. Au final la communauté des agents qui pouvaient abattre les arbres a tout perdu. Nous sommes dans le cas d'un bien non excludable, mais rival, ou en tout cas soumis à encombrement, épuisable.


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3.4 La production optimale de bien public

Lorsqu'un bien public doit être produit ou préservé il faut prendre en compte le fait qu'il peut être consommé simultanément par plusieurs agents. De ce fait il faut en produire tant que la somme des bénéfices marginaux est inférieure au coût marginal de production d'une unité supérieure. Et à l'optimum la somme des bénéfices marginaux est égale à la somme des cûts marginaux.

Lorsqu'il s'agit d'un bien public non rival il faut que tous les agents puissent en consommer et que leur revenu ne soit pas un obstacle et donc il faut que le bien public soit gratuit. Dans le cas de l'environnement, par exemple il faut que les sites naturels intéressants soient ouverts à tous. Lorsqu'il y a encombrement ou dégradation possible, alors il faut le prendre en compte et limiter la consommation ou la production du bien public.


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